La Corse mise sur les CSE pour développer le tourisme hors-saison

Entre Bastia et Ajaccio, mardi et hier, un ferry transformé en salon professionnel flottant a réuni plus de 600 représentants de comités d’entreprise et professionnels corses du tourisme. Objectif : prolonger la saison et valoriser le savoir-faire insulaire

Pierre Gianelli – Corse-Matin

À bord du Mega Smeralda, la Corse a réuni 622 représentants de comités d’entreprise venus de toute la France pour promouvoir cette destination.

Sous les néons de la salle de conférences, les conversations se perdent dans le brouhaha.

L’ambiance de séminaire se mêle à celle de croisière, entre piles de flyers et chasse au trésor. Derrière ce décor studieux, l’objectif est clair, faire entrer la Corse dans les catalogues des grands groupes au-delà de la seule saison estivale.

L’opération, portée par la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse et l’agence du tourisme de la Corse en partenariat avec Gamexpo, a pris la forme d’un véritable salon professionnel flottant.

Affrété pour l’occasion et transformé en vitrine du savoir-faire insulaire, le navire a fait escale à Bastia, mardi, puis à Ajaccio, hier. Une centaine de professionnels y ont présenté leur offre : hébergeurs, prestataires d’activités, transporteurs, offices de tourisme, artisans, producteurs… De quoi donner un aperçu complet de la diversité de l’économie touristique de l’île.

En face, 622 élus de CSE (comité social et économique) représentant 250 entreprises sélectionnées qui, elles, pèsent 325 000 salariés et donc 750 000 ayants droit (conjoints, enfants). Dans le lot, pêle-mêle : Louis Vuitton, Booking.com, Capgemini, Engie, Axa, Canal+, la RATP, La Poste, McDonald’s, le Parc Astérix…

« On s’aperçoit qu’aucun d’eux ne connaissait vraiment la Corse, raconte Karina Goffi, présidente de la commission tourisme de la CCI de Corse et présidente de l’Umih. Ce workshop, c’est plus d’un an de préparation et un vrai pari collectif. »

Ce qui change tout, c’est la date. « Organiser un tel événement en novembre, c’est envoyer un message fort : la Corse a toute sa place dans les programmes des comités d’entreprise à l’automne, au printemps, et plus largement toute l’année », martèle Karina Goffi.

L’objectif reste le même depuis des décennies : étaler la saison touristique. Mais la cible change.

Questionnée sur le manque d’infrastructures pour accueillir un tel événement, Karina Goffi tempère : « Certes, mais on a une école hôtelière qui va jouer le jeu au palais des congrès à Ajaccio. Si demain on devait aller sur un salon, ça coûterait une fortune. »

Du côté de l’office de tourisme de Bastia, Lucas Boulanger insiste davantage sur le contact concret avec les acheteurs. « Beaucoup de CSE n’ont pas de vision claire de la Corse. Là, on a pu leur parler produits, circuits, culture, gastronomie… et leur montrer qu’on travaille hors saison. Ce type de rendez-vous crée des passerelles directes. »

Assis à leur stand ou dans les allées du ferry, les acteurs locaux se frottent à une clientèle qu’ils connaissent peu. Louis Azara, créateur de Corsica Loisirs Aventures, se réjouit de renouer avec ce type de salon. « En trente ans, on en a connu, mais ça faisait quelque temps que ça n’arrivait plus. Il était temps que ça recommence, parce que c’est très intéressant dans la perspective de développement »

Joël Maraninchi, directeur d’Ideal Operating, loue la stratégie de saisonnalité. « Cela fait quarante ans qu’on dit qu’il faut étaler la saison ; là, je vois qu’on commence à le faire. » Ce professionnel, qui a longtemps travaillé dans le domaine de la réception vacancière en Grèce, veut désormais appliquer à la Corse la même logique d’« expérience locale », loin du tout-estival.

À ses côtés, Philippe Pomonti, gérant de Corsica Colis, connaît bien ce public. Sa société, créée en 1999, travaille depuis toujours avec les CSE pour fournir cadeaux et partenariats à leurs adhérents. « Ils ont des budgets considérables pour les cadeaux de fin d’année, et on monte aussi des partenariats qui leur permettent d’offrir des réductions à leurs adhérents. »

Voyant dans ce workshop un format plus efficace que les salons classiques, l’entrepreneur nuance. «  Si on pouvait le faire en février ou en mars, ce serait encore mieux. Là, beaucoup ont déjà passé leurs commandes de Noël. J’ai dix devis à faire, mais dans un an, ils auront eu le temps de nous oublier.« 

Côté visiteurs, la curiosité est réelle. « J’ai rencontré des producteurs d’huile d’olive, de vinaigre de fruits, des vignerons bio… On ne se rend pas compte, depuis le continent, de tout ce que la Corse propose », confie Sophie Fratczak, élue du CSE de Capgemini. Son comité d’entreprise, qui gère plus de 3 000 salariés, pourrait bien être tenté de programmer un séjour dans « une Corse qui a tout pour plaire si elle sait rester authentique ».

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