Deux coffres d’amarrage écoconçus inaugurés dans le golfe d’Ajaccio

Destinés à la grande plaisance et financés à 80% par le Fonds vert, les deux coffres, inaugurés ce lundi, sont situés au large de la citadelle et du Lazaret. Ils pourront permettre l’amarrage de yachts allant jusqu’à 50 et 90 mètres

Corse-Matin – Laure Filippi

Près de dix ans après le lancement du projet, en 2016, les deux coffres d’amarrage écoconçus destinés à la grande plaisance ont été inaugurés, ce lundi, dans le golfe d’Ajaccio.

Ces coffres, situés au large du Lazaret et de la citadelle, ont été financés à 80 % par l’État via le Fonds vert, et à 20 % par la chambre de commerce et d’industrie de Corse (CCI), porteuse et maître d’ouvrage du projet, pour un coût total de 398 000 € HT.

« Les enjeux sont multiples et cette expérience pilote vise la protection des milieux marins sensibles, en particulier la matte de posidonies, et la régulation des activités économiques liées à la grande plaisance et au nautisme. Cela est tout à fait possible, mais aussi entièrement complémentaire », a déclaré le président de la CCI, Jean Dominici, lors de la cérémonie organisée sur le quai d’honneur du port Tino-Rossi.

Auparavant, les participants et partenaires du projet – parmi lesquels les acteurs de la communauté portuaire, le secrétaire général pour les affaires de Corse, Alexandre Patrou (représentant le préfet de Corse), ou encore plusieurs élus, dont le maire d’Ajaccio, Stéphane Sbraggia, se sont rendus en mer pour assister à la bénédiction des coffres par le cardinal Bustillo.

« Nous sommes sur une île et la mer représente à la fois protection et échanges, notamment à travers ce projet qui allie écologie et économie », a souligné celui-ci.

Tandis que la forte capacité d’accueil du port de plaisance Tino-Rossi lui permet d’amarrer des yachts de plus de 150 mètres, ces coffres écoconçus visent à limiter les flux et mouillages de yachts à l’extérieur de l’infrastructure, sur la zone Natura 2000 du golfe, qui couvre 50 000 hectares.

« Préserver les herbiers de posidonie »

« Suite à ce constat effectué depuis des années avec l’Office de l’environnement de la Corse, sur la tendance de la grande plaisance à mouiller à l’extérieur des ports, ce projet a été développé en étroite concertation avec l’ensemble des acteurs de la communauté portuaire, a rappelé Jean-André Simonetti, directeur du port Tino-Rossi. Il s’agit d’une démarche collective visant à concilier attractivité maritime et exigence de protection environnementale, dans le cadre d’une gouvernance publique dynamique et durable. »

Pour pallier « la prédation des ancres et des chaînes sur les herbiers de posidonie et les habitats des alevins », l’alternative de ces coffres d’amarrage écologiques de 25 tonnes a donc été privilégiée.

Conçus avec des matériaux spécifiques, dont le corps-mort constitue un récif artificiel déposé sur une zone sableuse sur une surface de 20 m2, les coffres peuvent accueillir des unités allant respectivement jusqu’à 90 mètres (face au Lazaret) et 50 mètres (face à la citadelle).

« L’enjeu est d’accompagner l’économie en préservant les milieux naturels, en favorisant la reconstitution de la ressource halieutique endémique, dans le contexte de l’arrêté de 2023 du préfet maritime interdisant le mouillage des navires de plus de 24 mètres sur l’ensemble du littoral corse, en dehors des ports et dispositifs autorisés », a insisté Alexandre Patrou.

Alors que cette mesure s’inscrit dans une « stratégie européenne de conservation des habitats marins prioritaires », l’expérimentation pourrait s’étendre à l’avenir, avec deux nouveaux coffres d’ores et déjà prévus à Saint-François.

Les associations environnementales toujours opposées

De quoi réjouir notamment le collectif Yachting club de Corse, représentant les socioprofessionnels du secteur, présent lors de l’inauguration. « Ces deux nouveaux coffres offrent une option supplémentaire à nos clients pour des yachts de plus de 24 mètres, mais cela est encore trop peu », a noté le porte-parole du collectif, Jean-Michel Sauli. Non sans mentionner les « quatorze coffres installés à Bonifacio par la commune ».

Un point de vue évidemment à l’opposé des associations environnementales. En dépit de l’inauguration officielle des coffres d’amarrage, les militants écologistes n’entendent pas abandonner le combat contre le projet, mené depuis plusieurs années.

Représentée par Me Benoît Busson, l’association Le Garde (membre du collectif Terra) a ainsi engagé en 2023 une procédure devant le tribunal administratif. « Nous présenterons dans ce cadre, au mois d’août prochain, un mémoire avec nos arguments », précise Muriel Segondy.

Alors que des manifestations ont été organisées par le passé et qu’une pétition réunit « plus de 25 000 signatures », la responsable de l’association veut défendre « le cadre de vie et les droits d’usage des citoyens ». « Du 1er juillet au 31 août, cela entraîne des restrictions pour la baignade et les activités nautiques sur 5,5 hectares face à la plage du Lazaret, dit-elle. Le Fonds vert représente de l’argent public qui ne doit pas servir à s’approprier des droits collectifs. Nous regrettons de ne pas avoir été informés à temps, sinon nous aurions fait un référé suspensif pour empêcher les travaux dans cette zone Natura 2000. Sachant qu’il y a déjà une multitude de points de mouillage autorisé depuis 2016 par arrêté. Ce type de dossier doit servir d’exemple », ajoute-t-elle.

À lire également

La Lettre I Une « boussole RSE » pour la Corse
Club « Les entreprises s’engagent » : pour une société inclusive et un monde durable
La Lettre I Un décret en forme de pare-soleil
En Corse comme ailleurs, les coups de chaud se multiplient au point que le gouvernement impose un mode d’emploi aux entreprises
La Lettre I Pas d’économie sans énergie !
Près de deux milliards sont investis sur la réhabilitation de la liaison sous-marine d’approvisionnement en électricité entre la Toscane et la Sardaigne via la Corse.
La Lettre I « Via Mare » pour faire naviguer l’emploi
La CCI de Corse a été désignée « chef de file » de ce programme européen qui favorise l’emploi et la mobilité professionnelle en Méditerranée occidentale
A Lettera I A scola usteriaghja di u Mediterraniu accura a so messa in opera…
Hè per compie si u cantieru. Serà tuttu prontu per accoglie a centina di elevi aspettati u 3 di nuvembre per a prima annata. Seguiterà l’inaugurazione ufficiale u 26 di
La Lettre I L’école hôtelière méditerranéenne soigne sa mise en place…
Le chantier est au stade des finitions. Tout sera fin prêt pour accueillir la centaine d’élèves attendue, le 3 novembre, pour la première rentrée. L’inauguration officielle suivra le 26