La Lettre I Des bâtons dans les roues des transporteurs

Le mouvement social entrave les activités portuaires et l’accès aux remorques de marchandises depuis le début de l’année. Une discontinuité territoriale préoccupante pour toute l’économie corse qui a amené le président Jean Dominici à alerter le gouvernement

« La normalisation des échanges maritimes doit intervenir avant que l’irréparable ne soit atteint avec la mise en liquidation des entreprises les plus fragilisées »

Le Collectif, extrait de la lettre adressée au ministre des Transports


Depuis le début de l’année, dockers et travailleurs portuaires ont entamé un mouvement national de protestation contre la réforme des retraites qui implique pour la corporation deux ans supplémentaires de cotisations. Cette levée de boucliers a pris la forme d’une grève perlée et d’opérations « ports morts » avec des débrayages qui limitent drastiquement les accès aux remorques pour les transporteurs et perturbent l’acheminement et la livraison des marchandises.

Les transporteurs corses, tributaires de ces paralysies récurrentes, sont aux abois car elles désorganisent leur travail et génèrent de lourdes pertes. Les conséquences se font aussi cruellement sentir pour toute une série de filières et d’activités dans l’île pour laquelle ce type de grève est particulièrement impactante. La poussée de fièvre dans les ports français – dont Marseille et Toulon qui desservent la Corse – compromet la saison.

Toute l’économie corse est déstabilisée

Toujours réactive face aux crises inopinées qui ébranlent notre économie, le collectif des ordres et des organisations consulaires et professionnelles de Corse  a saisi le gouvernement dans l’espoir d’apaiser les tensions et de mettre un terme définitif au conflit.

Un courrier a été adressé à Philippe Tabarot, ministre en charge des Transports auprès de François Rebsamen qui, quelques semaines plus tôt, avait assuré les acteurs économiques corses de son soutien à la faveur d’un échange dans les locaux de notre siège.

Dans la lettre il est expliqué que la desserte fret de la Corse a atteint le seuil critique : la limitation de charge des navires assurant la desserte maritime de service public induite par l’entrave portuaire génère des pertes de chiffre d’affaires et propage l’exaspération jusque dans les rangs des chauffeurs routiers qui sont en première ligne.

Par ailleurs, les retards voire les absences de livraison perturbent les entreprises insulaires en tête desquelles celles de la distribution agroalimentaire, du commerce et du BTP qui importe les matériaux de construction.

Et, bien évidemment, celles de la filière tourisme bouleversée dans sa préparation et ses approvisionnements de présaison. Une déstabilisation conjoncturelle de l’économie de la Corse qui intervient dans une période, « déjà rendue défavorable par les tensions internationales ainsi que les incertitudes liées au contexte de fragilité institutionnelle et budgétaire que traverse le pays. »

Les transporteurs « lourdement pénalisés »

Le Collectif pointe aussi les premières pénuries en produits, souvent indispensables, qui fragilisent le domaine sensible de la santé. « Outre ces dysfonctionnements factuels hautement préjudiciables, le climat anxiogène créé par la perte de fiabilité des échanges maritimes vitaux plonge la Corse et son économie dans les prémisses d’une nouvelle crise dont le spectre doit être écarté de toute urgence. »

Il est demandé à Philippe Tabarot d’agir sans délai pour restaurer durablement la continuité de service public et envisager un plan d’accompagnement et de soutien des secteurs les plus impactés en tête desquels celui du transport routier.

Élu consulaire et porte-parole du Syndicat des Transporteurs routiers, José Benzoni est inquiet : « La grève met une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Lorsqu’une zone portuaire comme celle de Marseille est paralysée, notre organisation de travail est ébranlée. Sans l’accès aux remorques, impossible de desservir les centrales et l’ensemble de nos clients dans les délais. Les transporteurs corses sont spécifiquement lésés car les traversées de 12 heures et la mobilisation de nos remorques de part et d’autre les contraignent à avoir le double de matériel que leurs collègues du Continent. La situation génère aussi pour nos entreprises des surcoûts en heures supplémentaires et en carburant. » Le syndicat espère de l’État de légitimes compensations.

De son côté, le Collectif suggère au ministre un ensemble de mesures déjà mises en œuvre par le passé dans des circonstances similaires : allègement des charges sociales, moratoire fiscal et report d’échéances à l’exemple du PGE, le prêt garanti par l’État proposé pendant la crise sanitaire mondiale.

On saura rapidement si le message a été reçu et compris.

Article paru dans La Lettre n°53

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