Dans l’éphéméride historique de la Corse, la journée du mercredi 26 novembre 2025 aura à jamais une place particulière. Portée sur les fonts baptismaux, l’EHM, l’École hôtelière méditerranéenne, s’installe durablement dans le paysage économique de la Corse.
Elle était espérée depuis des décennies, souvent sur le point de sortir des tuyaux puis remisée dans un tiroir. Ce dont des générations d’élus et de professionnels ont rêvé, la CCI de Corse et la Chambre régionale de Métiers et de l’Artisanat l’ont fait sur le tremplin d’Amparà Méditerranée, leur plateforme de formation commune, avec les encouragements et le soutien financier de l’État et de la Collectivité de Corse.
D’autres partenaires ont apporté leur pierre financière, le Pays Ajaccien en tête. Cette école, dévolue à former du personnel qualifié pour les filières du tourisme durable, est hébergée par le Palais des Congrès à Ajaccio qui vit lui-même sa propre révolution, poussé par de nouveaux et favorables vents marins.
Dans une ambiance festive, l’EHM s’est dotée d’un parrain célèbre, Thierry Marx, président national de l’UMIH et chef étoilé de renom. Son étoile – sa bonne étoile – a servi de guide aux apprentis et élèves de la première promotion qui ont préparé et servi le déjeuner dans le restaurant panoramique flambant neuf, un « toque » de repas comme disent les jeunes ajacciens, sous la direction d’Emmanuel Lojou.
Thierry Marx leur a dit qu’ils venaient chercher bien davantage qu’un diplôme : un projet. Un projet de vie. Voilà pourquoi l’EHM n’est pas seulement une infrastructure providentielle qui vient combler un immense vide dans le secteur phare de l’économie de la Corse. C’est un pont vers l’avenir qui traverse la Méditerranée et, on l’espère, va bien au-delà…
Cause commune !
Les principaux protagonistes qui ont mené la barque de la formation à bon port arboraient un visage radieux, éclairé par l’intense satisfaction de l’œuvre utile et du devoir accompli. Ce mercredi 26 novembre a été un jour précieux d’accomplissement, une éclaircie dans le ciel ombrageux des épreuves et des incertitudes, un rail providentiel de lancement pour la jeunesse corse.
Dans son allocution, Jean Dominici est sorti des sentiers battus du protocole qu’impose ce genre de cérémonie. Ses mots ont été soigneusement pesés. Le président de la CCI de Corse a salué celles et ceux, État, collectivités, experts, institutions publiques et associations professionnelles qui ont fait cause commune pour permettre à la Corse de s’appuyer sur son identité pour se projeter vers le monde. « En un temps record, nous avons construit un marqueur territorial, un repère, un symbole d’unité et de progrès. »
Une école qui va changer l’avenir et écrire de nouvelles lettres de noblesse à des métiers trop longtemps discrédités appelés à devenir, grâce à un cursus pédagogique haut de gamme servi sur un plateau par les écoles illustres de Savignac et d’Avignon, des métiers d’émotion et de lien humain.
Le tourisme n’est plus perçu comme un mal nécessaire pour notre économie mais comme un vecteur de notre sens de l’hospitalité, de notre culture, de notre savoir-faire artisanal, une vitrine de nos arts de vivre, de recevoir et de partager.
Un lieu de ralliement
Au-delà des remerciements chaleureux devant un auditoire de cinq cents invités à l’évènement pour leur engagement et leur rayonnement dans les domaines du tourisme, de la production et de l’évènementiel, Jean Dominici a délivré un message fédérateur.
L’École hôtelière méditerranéenne puise sa source dans un écosystème unique qui ne peut s’épanouir que dans une dynamique collective, une union sacrée. « Elle n’est pas un lieu isolé mais le poumon d’un pan économique majeur, un lieu où l’on apprend, où l’on crée, où l’on innove, où l’on coopère. »
Elle n’a pas été conçue pour marcher sur les plates-bandes des autres acteurs, historiques ou actuels, de la formation. Au contraire, c’est, dans l’esprit du président, un lieu de convergence, un lieu de ralliement. « Depuis des décennies, lycées hôteliers, CFA, AFPA, organismes de formation professionnelle, ont tenu leur rang, parfois dans des conditions difficiles mais toujours avec passion. Les générations qu’ils ont formées font aujourd’hui la réputation de notre hospitalité. Je veux leur dire ici que notre école a vocation à continuer à travailler et à progresser ensemble. »
Pour Gilles Simeoni, l’école est un acte de foi en la jeunesse.
Pour Thierry Marx, un choix politique pour protéger une identité, une culture, un patrimoine.
Quelle journée ! Un déjeuner inaugural mémorable en guise d’entrée ; des paroles d’avenir, puissantes et fédératrices, en plat de résistance ; un buffet nustrale et le groupe Eppò en dessert. Comme il se doit, ce mercredi 26 novembre exhalait les saveurs et les émotions d’un menu gastronomique.

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