La Lettre I Le tourisme durable pose ses valises en Corse

Le point d’orgue de l’évènement qui s’est déroulé début mai en Balagne a été la présentation du dossier de candidature ficelé par l’ATC pour l’obtention du label international « Green Destinations »

Festival Green Orizonte

Il y a vingt ans, le tourisme durable était une utopie, aujourd’hui, c’est un idéal et demain ce sera une nécessité absolue. Pour les professionnels de la filière, la préservation de l’environnement, la maitrise des ressources naturelles, l’accueil à taille humaine relèvent autant de la conscience citoyenne que du besoin de faire vivre un patrimoine, une famille, une économie locale.

La quête de labellisation écologique qui les anime obéit au souci permanent de ne pas être à la traîne. La deuxième édition du festival Green Orizonte, qui s’est déroulée sur plusieurs jours en Balagne, témoigne d’une Corse qui a encore pas mal de chemin à faire mais qui ne s’est jamais laissée distancer.

Un évènement à la fois studieux et festif, placé sous l’égide de la Collectivité de Corse par le truchement de l’ATC, son Agence de Tourisme, et soutenu par la CCI de Corse. Au-delà des conférences éloquentes, des expertises émérites et des tables rondes immersives, un pas significatif a été franchi en faveur d’un tourisme corse qui étoffe son offre, déploie ses ailes de saison, améliore les conditions d’accueil de tous les publics – y compris les personnes à mobilité réduite – et porte l’ambition de mettre l’intelligence artificielle au service du mode de vie, de la culture et des lieux phares de la destination.

La Corse apôtre de l’éco labellisation

C’est à Lumio, au Spaziu Edmond Simeoni, que toute une journée a été dédiée aux professionnels invités à réfléchir à la construction du tourisme du futur qui se conjugue, en réalité, déjà au présent car la crise climatique, le contexte international incandescent et la fulgurance avec laquelle déboulent les nouvelles technologies de l’information et de la communication, imposent d’ores et déjà de se connecter les uns aux autres pour une adaptation collective.

L’idée de départ était de proposer un rendez-vous autour de l’écologie positive et créative au service d’un tourisme plus durable, plus résilient, plus inclusif qui prend soin de la nature et des humains. « Cette deuxième édition fraie aussi un chemin à l’intelligence artificielle qui vient bouleverser nos vies et nos métiers. Je sais les difficultés des professionnels à accéder à des financements pour la rénovation et la modernisation de leurs hébergements ; les élus doivent continuer à persévérer dans ce sens, mais il ne faut pas refuser d’avancer pour autant. D’ailleurs, je souligne que la Corse figure au premier rang des régions qui recensent le plus grand nombre d’établissements écolabellisés, entrant ainsi de plain-pied dans une démarche de tourisme durable. Nous n’avons pas à rougir, bien au contraire. »

Anne-Marie Piazzoli, tête pensante de la manifestation, estime indispensable d’étirer la saison sur un plus grand nombre de mois. « L’arrière-saison est de plus en plus attractive et il y a de belles choses qui se passent en hiver. Ici, le tourisme à l’année peut exister parce qu’on a du contenu, il suffit de le faire connaître et de le valoriser… »

Le sceau à venir du tourisme durable

Une autre initiative importante a été défendue lors de l’évènement. L’ATC a officiellement présenté la candidature de la Corse pour l’obtention d’un label universel : Green Destinations. La fondation internationale éponyme, créée en 2014 et basée aux Pays Bas, est accréditée pour porter une certification reconnue par le Conseil Mondial du Tourisme Durable, la plus haute instance traitant du tourisme durable au niveau mondial affiliée à l’ONU.

Jean-Louis Moretti, responsable du Pôle Développement et Ingénierie à l’ATC, est la cheville ouvrière du projet. « Le label n’est pas accordé à titre individuel mais à un territoire. Déjà, une soixantaine d’hôteliers ont obtenu une certification écologique et d’autres sont en passe de l’acquérir. Nous sommes à leur côté de manière à ce que la Corse soit la région comptant le plus d’hébergements dépositaires de l’écolabel européen. »

La multiplication de ces démarches privées soutenues par l’UMIH Corsica, présidée par Karina Goffi, la présidence de notre commission Tourisme, a encouragé la Collectivité de Corse à plancher sur la labellisation de la destination qui passe par l’adhésion à 84 critères relatifs au triptyque du développement durable : Environnement, Social, Économie.

Le dossier est actuellement en instruction. La Corse est bien placée pour accéder à l’un des métaux rares de la labellisation : le bronze, l’argent, l’or et le platine. « Nous aurons une réponse à l’automne. Le bronze ou l’argent serait une excellente nouvelle car ça nous inciterait à travailler sur nos marges de progression » argumente encore Jean-Louis Moretti.

Green Destinations est intrinsèquement une plus-value pour le tourisme corse et une boussole pour les pays auxquels la CCI de Corse ouvre ses bras aériens.


Un soutien innovant de la chambre

Présentes sur place au Spaziu Edmond Simeoni, deux émissaires de la Direction des entreprises et des territoires de la chambre, Nicole Spinosi et Élisa Martelli, ont promu auprès des professionnels le projet « Smart Twin Transition » inscrit en lettres majuscules dans le Programme 2021/2027 de la coopération Interreg Italie-France. Son but est de développer les outils novateurs, dont l’IA, pour aider les entreprises du secteur touristique (hôteliers, voyagistes, transporteurs, artisans, etc.) à réussir leurs transitions numérique et écologique. Un soutien à la fois financier et logistique leur est proposé à travers notamment des programmes de formation et d’engagement participatif. Notre tandem d’ambassadrices au festival Green Orizonte leur ont servi de guides.

Article paru dans La Lettre N° 55

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