L’ouverture d’une école de tourisme, tant attendue par la Corse depuis des décennies sans jamais se réaliser, constitue un évènement dont on ne mesure pas encore l’ampleur et les retombées positives sur une filière pour laquelle le réservoir de recrutement est toujours à l’étiage.
La volonté commune de la CCI de Corse et de son partenaire désormais indissociable, la Chambre régionale de Métiers et de l’Artisanat, a permis d’aboutir à la réalisation d’un projet auquel d’aucuns ne croyaient plus. Il fallait peut-être ce miracle suscité par la visite historique papale sur le site même du Palais des Congrès d’Ajaccio qui va l’héberger avec, en prime, la bénédiction et le soutien moral et financier de l’Etat, de la Collectivité de Corse, de la Mairie d’Ajaccio et de la CAPA.
L’attente a été si longue que le nom choisi pour cette nouvelle institution les pieds dans l’eau et la tête dans l’avenir devait prendre tout son sens. Une réunion de concertation s’est tenue fin juillet à Corte entre les deux équipes consulaires et leurs capitaines respectifs, Pascal Agostini et Philippe Désiré, en présence des présidents bâtisseurs, Jean Dominici et Jean-Charles Martinelli. C’est donc sous l’égide de la plateforme de formation Amparà Méditerranée que s’ouvrira officiellement à l’automne l’École Hôtelière Méditerranéenne, l’EHM, un petit sigle pour une grande aventure…
Une montée en puissance progressive
Derrière un logo simple et expressif qui va lui conférer une identification forte, l’EHM va générer une révolution culturelle chez les professionnels directs et induits du tourisme. Les formations, on le rappelle, vont démarrer au niveau CAP pour monter en qualification (Bac + 3) de manière à doter le secteur phare de notre économie des compétences et des collaborateurs formés qui lui font défaut de manière chronique.
Les stratégies pédagogiques déployées en partenariat avec les grandes écoles de tourisme de Savignac et d’Avignon vont répondre aux attentes les plus exigeantes et redorer le blason de l’hospitalité de la Corse tout en élargissant son rayonnement en Méditerranée. Le service, la restauration, la sommellerie et la culture générale des cursus proposés vont non seulement pousser très loin le curseur de la compétence mais aussi permettre aux jeunes qui franchiront le seuil de la nouvelle école de s’épanouir personnellement grâce à une approche plus existentielle du travail grâce notamment aux partenariats avec l’Education Nationale, l’AFPA et l’Université de Corse.
Au départ, ils seront une centaine et peut-être plus grâce à une campagne de recrutement rondement menée avec le soutien des professionnels du secteur comme l’UMIH et le Cercle des Grandes Maisons. La montée en puissance sera progressive. Le programme évènementiel que va développer le Palais des Congrès ne pourra que valoriser l’EHM. Et réciproquement.
« Pionniers sur le plan national »
Pour les deux piliers consulaires d’Amparà Méditerranée, il s’agit d’imaginer un nouveau narratif. Les équipes ont la farouche volonté de travailler main dans la main pour parler d’une seule voix : une seule bannière, une vision commune, une communication harmonieuse. Le défi financier a été relevé, il s’agit maintenant d’en faire autant pour les enjeux de convergence humaine et organique.
Entre la CCI de Corse et la CMA, la confiance réciproque est totale. Le partenariat, initié il y a dix ans, n’a cessé de se renforcer et de donner des résultats aussi spectaculaires que l’est aujourd’hui l’avènement de l’EHM. Jean-Charles Martinelli le souligne avec un clin d’œil : « Ce rapprochement est une recommandation du gouvernement, ce sera peut-être même bientôt une figure imposée. Mais, dans ce domaine, nous pouvons être fiers d’avoir été les pionniers sur le plan national. »
Malgré les défauts qu’on lui prête, parfois à raison, la Corse a toujours eu une faculté visionnaire. À l’instar de nos deux présidents, des élus et techniciens des institutions consulaires en Corse CMA et CCI, tous convaincus que l’initiative et le mouvement sont des forces vitales dans un monde où la réforme doit devenir la règle.
Formation continue : deux équipes, un seul maillot
Les transitions écologiques et technologiques exigent une montée en compétences, mais pour réussir la formation continue dans un environnement juridique incertain, le dédale des financeurs et un contexte de concurrence accrue avec des organismes privés et des plateformes en ligne qui méconnaissent les particularités et parfois même les attitudes déontologiques, il est important d’être uni et visible. C’est ce à quoi s’attellent les deux chambres consulaires sous le dossard d’Amparà Méditerranée. « Nous devons promouvoir notre offre commune à travers un modèle adapté et intelligent, c’est-à-dire en mouvement perpétuel car le statu quo, c’est la promesse de la disparition de la formation continue. »
Philippe Désiré et Pascal Agostini partagent le constat et affichent la même détermination à constituer une équipe soudée, unique interlocuteur pour les demandes extérieures des entreprises, des artisans et des salariés. Ensemble, il s’agira prioritairement d’élargir le panel des certifications et des titres professionnels mais aussi de favoriser une ingénierie intimement adossée à l’analyse des besoins des territoires. On est déjà entré de plain-pied dans la numérisation des formations en alternance avec le présentiel sur site. L’hygiène (dans la restauration et les entreprises de production alimentaire) et la sécurité pour prévenir les accidents du travail, sont les premiers domaines à expérimenter les nouvelles méthodes pédagogiques.