Le pape François en Corse
Des quais rutilants et baignés de soleil au long desquels s’égrenait un chapelet de navires représentant les couleurs de toutes les compagnies qui desservent la Corse : Corsica Linea, La Méridionale et Corsica Ferries. Une carte postale marine d’Ajaccio familière un jour ordinaire de trafic estival, avec le ciel bleu et six bateaux alignés à l’accostage, mais inédite aux portes de l’hiver. Parler de miracle pourrait paraître quelque peu inconvenant, mais l’escale papale a fait des prodiges en matière d’engouement populaire. En moins de 24 heures, ce sont près de 3 500 passagers qui ont débarqué ou ont séjourné sur site.
Mis en service depuis deux ans, presque jour pour jour, A Galeotta, est arrivée avec 253 passagers et a assuré l’accueil des évêques pour le déjeuner. Trois navires se trouvaient déjà à quai (Le Danielle Casanova, le Pïana et le Monte d’Oro) dévolus aux forces de l’ordre et à quelques émissaires du diocèse d’Ajaccio ainsi idéalement placés pour le pieux séminaire du Palais des Congrès. Enfin, la Corsica Ferries, dont le Pascal Lota en provenance de Toulon n’avait pas fait le plein, avait spécialement affrété le Mega Andrea pour transporter les fidèles de Haute-Corse depuis Bastia en passant par les Bouches de Bonifacio. À son bord, 1 200 passagers, des familles entières, des groupes d’amis ou réunis par une même paroisse, pour une traversée de nuit particulièrement conviviale où le choix du jeûne n’avait pas fait beaucoup d’émules. Un euphémisme.
Plusieurs semaines en amont, les échanges s’étaient multipliés entre les responsables consulaires du port, les armateurs, la préfecture de Corse, qui avait publié un arrêté d’interdiction de navigation et de mouillage le 15 décembre, la municipalité d’Ajaccio, la sécurité vaticane et le diocèse. Le directeur des concessions portuaires du Sud Jean-Yves Battesti et le directeur du Port de Plaisance Jean-André Simonetti – le port Tino Rossi devant accueillir les navettes depuis Grosseto-Prugna – ainsi que leurs staffs respectifs, ont consacré énormément de temps à peaufiner la préparation de ce trafic maritime tout à fait atypique et à favoriser une synergie saine et positive entre toutes les parties concernées. Rien n’aura été négligé pour que le pape François arrive à bon port.
Un évènement hautement sécurisé
La cité impériale a été ouverte à des milliers de visiteurs – environ 70 000 sur l’ensemble des sites – dans des conditions optimales de sécurité, périmètres spécifiques, circulation restreinte, transports collectifs privilégiés. Des renforts humains et des moyens logistiques sans précédent ont été mis en œuvre : 2 800 effectifs de la Police et de la Gendarmerie nationales auxquels sont venus se greffer 270 sapeurs-pompiers de Corse (source ministère de l’Intérieur).
Le chiffre > 340
C’est le nombre de journalistes et d’envoyés spéciaux dépêchés à Ajaccio pour rendre compte de la visite pastorale. Outre les médias corses, les grands titres de la presse nationale étaient présents ainsi qu’une quinzaine de chaînes de télévision dont plusieurs étrangères, notamment d’Italie et d’Amérique latine. France-Télévision, détentrice des droits de retransmission, a relayé les images en direct en mondovision. Un formidable coup de projecteur sur la Corse qui ne sera pas sans retombées à court et à moyen termes.
Article paru dans la Lettre N°50