Le grand défi de l’export pour les entreprises corses

Dans l’île, 500 entreprises relèvent le pari de l’export international… si l’insularité apparaît encore comme une contrainte, les organismes publics se mobilisent pour aider le monde économique à franchir ce cap et à réduire leur dépendance au marché local

Corse-Matin – Julian Mattei

En matière d’économie, il y a d’abord cette réalité implacable des chiffres : moins de 1 %. C’est le poids, tout relatif, des échanges entre la Corse et l’étranger dans le commerce extérieur de la France. La statistique incline certes à l’humilité, mais elle n’atténue pas l’ambition. « Nos atouts et notre savoir-faire dans plusieurs filières, suscitent un intérêt au-delà de nos frontières, avance Jean Dominici, le président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse. Pourtant, franchir le pas de l’export demeure un parcours semé de difficultés. »

Aider les entreprises à passer ce cap, c’était précisément l’objet de la « journée corse internationale ». L’évènement a été organisé hier au campus formation de Borgo par l’agence de développement économique (Adec), la CCI, Business France et leurs partenaires.

« Un levier essentiel pour créer de la croissance »

Objectif : donner, à travers des focus sur les pays, les filières, ou des entretiens personnalisés, un coup de pouce aux entrepreneurs pour surmonter les barrières logistiques, réglementaires, financières qui accompagnent l’internationalisation. Une aventure dans laquelle l’insularité agit comme une contrainte en raison notamment de surcoûts liés au transport.

Le tissu économique corse, composé à 95 % de petites et moyennes entreprises, est aussi parfois perçu comme un frein. En cause : les difficultés induites pour mobiliser des ressources humaines et accroître les capacités de production pour attaquer le marché extérieur.

Malgré tout, 500 entreprises relèvent déjà ce pari dans l’île. Parmi celles-ci, la confiserie Saint-Sylvestre. Cette affaire familiale, implantée à Soveria, réalise 85 % de son activité hors de Corse. Elle exporte ses chocolats, fruits confits, nougats et autres caramels dans une quinzaine de pays. Son positionnement haut de gamme lui a permis de s’insérer sur les marchés de la gastronomie. « L’export induit certes des problématiques, en particulier le coût du fret, mais c’est un levier essentiel pour créer de la croissance, face à un marché corse limité », estime François Pieri, son directeur.

L’ADN corse : un atout malgré le prix

Si l’insularité demeure une contrainte naturelle pour les échanges, elle n’est toutefois pas une entrave. Xavier Gesnouin et Jean-Christophe Pandolfi, conseillers du commerce extérieur de la France, l’assurent d’une mème voix : « La valeur ajoutée, c’est ce qui fait la différence, avancent ces deux experts de l’international. La notion de prix n’est pas cruciale à l’export, lorsque l’on a un produit de qualité, singulier et bien marketé. L’ADN corse peut être un atout L’enjeu réside surtout dans la capacité de production. »

Ou dans leur capacité à innover. Dans une société numérique où le digital gomme les frontières, Sébastien Gilabert a bien saisi cette opportunité. Il y a deux ans, ce chef d’entreprise a fondé Missià, une start-up qui développe une intelligence artificielle au service du maintien à domicile des personnes âgées. Pour cet acteur émergent de la santé connectée, l’export s’est imposé comme une évidence : « Pour nous, l’insularité n’est pas un problème, mème s’il a été difficile d’avoir de la main-d’oeuvre qualifiée, au lancement. Missià est avant tout une aventure corse, mais qui a vocation à s’implanter ailleurs. »

Dans deux semaines, ce chef d’entreprise sera au Canada avec l’Adec (agence de développement économique de la Corse) pour nouer un partenariat de recherche. « L’export est un défi qu’il faut relever et la Collectivité se mobilise pour soutenir cet effort, fait savoir Gilles Giovannangeli, le président de l’Adec. C’est essentiel pour stimuler la croissance de notre économie. 500 entreprises corses font aujourd’hui ce pari. Notre ambition est de dépasser le millier d’ici 2030. » Vaste chantier.

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