La Lettre I « L’hospitalité, l’accueil, le partage sont au programme de notre école »

La CCI de Dordogne gère la célèbre école de l’hôtellerie et de l’hospitalité de Savignac. Son président Christophe Fauvel est enthousiaste à la perspective d’apporter à la future école de Corse son expérience et son savoir pédagogique

« La Corse et la Dordogne ont leurs spécificités : échangeons-les afin de nous grandir mutuellement » Christophe Fauvel, Président de la CCI de Dordogne


L’ENTRETIEN

Que la Corse ne soit pas dotée d’une école hôtelière vous surprend ?

Tout territoire qui se donne pour mission de développer des activités de tourisme se doit de bénéficier d’un ensemble de formations en hôtellerie, restauration et tourisme, qui plus est si ce territoire est une île. La Corse dispose d’écoles et de centres de formations techniques qui assurent le lien entre les souhaits des jeunes Corses d’embrasser ces métiers et une bonne partie des besoins de la profession. Mais eu égard le poids de l’activité touristique en Corse, cette montée en gamme de l’offre de formation sur le management hôtelier me semble tout à fait stratégique et opportune !

Quels rapports professionnels avez-vous avec la Corse ?

Notre CCI veille sur l’économie de la Dordogne et nous avons la chance de vivre dans un territoire où le tourisme et la gastronomie représentent 25 % de notre PIB. Voilà au moins deux atouts professionnels que nous partageons avec la Corse. Personnellement, j’ai eu l’occasion d’y séjourner à plusieurs reprises et y apprécier la douceur de vivre ainsi que la beauté naturelle des paysages. Du sud au nord, c’est une diversité et un régal pour le regard et les papilles. J’espère que les liens institutionnels que nous allons tisser me permettront de découvrir plus en profondeur ce magnifique territoire.

L’école de Savignac a une renommée internationale. À quoi la doit-elle ?

L’école de Savignac est une exception. Historiquement, elle fut la deuxième école hôtelière en France à offrir un diplôme de niveau MBA (bac +4 ou bac +5, ndlr). Depuis sa création en 1987, elle a gravi les échelons de sa renommée, lentement mais passionnément. Il faut du temps pour créer une école qui devienne une marque. Ce temps, Savignac l’a pris, d’abord en France, en devenant une école supérieure de management hôtelier, puis à l’international par sa singularité académique mais aussi par son réseau d’anciens étudiants aujourd’hui répartis dans le monde entier à de hautes fonctions managériales, que ce soit dans des groupes hôteliers ou des hôtels et restaurants indépendants.

L’implication des jeunes dans la vie de l’institution favoriserait, en même temps que l’acquisition des connaissances, un épanouissement personnel. Vous le confirmez ?

Merci de me poser cette question, car « l’humain » est l’une des spécificités de l’école de Savignac. Notre proposition pédagogique est profondément axée sur les relations entre les personnes et sur le développement personnel.

Comme en Corse, la jeunesse de Dordogne se détourne-t-elle des filières de formation promues par votre chambre ?

Non. Nous gérons trois écoles : une école de commerce, une école hôtelière et une école de management hôtelier, Savignac, ainsi qu’un Institut de formation continue. Globalement, nos effectifs sont à la hausse, modestement mais régulièrement. Certes, les métiers de la restauration, cuisine et salle, ont perdu en attractivité depuis la crise sanitaire, mais nous faisons confiance à nos directions et équipes pédagogiques pour convaincre les nouvelles générations que les métiers de l’hospitalité sont des métiers passionnants, porteurs de bons salaires, offrant des possibilités exceptionnelles de voyage dans le monde et accessibles à de fortes promotions sociales.

Dans une société de plus en plus brutale, quelle importance accorder à la notion d’hospitalité particulièrement valorisée à Savignac ?

Servir s’apprend. Servir est noble. Nous réfléchissons avec nos étudiants à cette mission d’hospitalité, d’accueil, de partage… Bien sûr, c’est plus compliqué d’enseigner la générosité que la comptabilité mais, à Savignac, nous essayons.

Que peut apporter la Dordogne à la Corse dans les domaines de l’hôtellerie-restauration, de l’évènementiel, du tourisme en général, alors que les deux territoires se distinguent par leur histoire, leur culture, leur économie ?

En fait, nous avons plus de points communs qu’on pourrait le penser. Nous en avons déjà identifié quelques-uns. Nous avons aussi des spécificités : échangeons-les afin de nous grandir mutuellement. Cette nouvelle richesse née de la collaboration entre nos deux territoires pourra contribuer à développer l’hôtellerie, la restauration et le tourisme de Corse, de Dordogne, mais aussi au-delà, de manière plus efficace humainement, environnementalement, qualitativement et économiquement.

Compte-tenu des enjeux climatiques et écologiques, à quelles évolutions pédagogiques de nos écoles faut-il se préparer ?

Le dérèglement climatique, le bouleversement de la biodiversité, la pollution invisible, les nanomatériaux par exemple, sont des fléaux mondiaux. Commençons par convaincre nos plus jeunes générations. Par l’éducation parentale, mais aussi par l’école. En ce sens, l’école de Savignac a été construite dans un village. En fait, c’est un campus-village, là où la nature prend tout son sens humain et là où nos étudiants vivent et profitent de cette nature. Notre proposition académique comprend aussi un éveil transversal sur la Responsabilité Sociale et Environnementale et quelques dizaines d’heures de méthodologie pratique pour y arriver !

Vous êtes un passionné de football, vous avez présidé le club de Bergerac. Vous suivez les clubs corses ?

Effectivement, j’ai présidé pendant près de 20 ans le club de Bergerac. Une passion dévorante mais aussi une manière de valoriser son territoire. Le club évolue de longue date en Nationale 2 mais nous n’avons jamais eu l’occasion de nous retrouver dans une poule commune avec des clubs corses ni même en Coupe de France où nous avons atteint les quarts de finale. Mais le football corse défend des valeurs que l’on retrouvera aussi dans sa future école à Ajaccio…


Article paru dans La Lettre n°47

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