Le chiffre : 5,1
C’est, en millions d’euros, l’enveloppe consacrée au dispositif. 80 % du montant émane du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER)
Les phénomènes économiques, climatiques, migratoires et bellicistes ne contribuent pas vraiment à l’unification de l’Europe. Les passerelles se replient comme des ponts-levis sur des pays-forteresses. Il existe toutefois des archipels territoriaux où les échanges constructifs sont encore possibles.
C’est le cas du Programme de Coopération Interreg Italie-France « Marittimo » qui cultive la coopération transfrontalière durable en Méditerranée entre cinq grandes régions de France et d’Italie : le Sud continental (Var et Côte d’Azur), la Corse, la Sardaigne, la Ligurie et la Toscane.
Le dernier dispositif qu’il a engendré a pour nom de baptême Via Mare, qui symbolise ces villégiatures marines pour rapprocher les rives et les peuples. Son cap est clairement défini : favoriser l’émergence d’un marché du travail transfrontalier dans tous les domaines.
La plateforme « Corse Emploi » réactivée
Le coup d’envoi de Via Mare a été donné le 23 septembre à notre campus CCI Formation Corsica/Amparà Médi-terranée en présence des acteurs institutionnels des cinq territoires concernés. « Nous avons l’ambition de bâtir un projet utile et ambitieux, connecté à d’autres projets européens et dont l’emploi et la mobilité constituent la clé de voûte. La Corse est la région pilote de ce dispositif qui vise à accompagner nos entreprises, préparer l’avenir de nos jeunes et donner plus de cohérence à nos actions en faveur de l’emploi et de l’attractivité de nos territoires respectifs grâce à la coopération méditerranéenne » argumente le président Jean Dominici.
« Nous allons mettre en place des Mare Labs, des espaces où seront régulièrement invités des acteurs de l’emploi et de l’entrepreneuriat à travailler ensemble, précise le service, en charge du projet européen au sein de notre chambre. Aujourd’hui, certains métiers sont en tension en Corse mais ne le sont pas en Ligurie, ou inversement. En créant un marché transfrontalier, nous recruterons intelligemment et, pour ce faire, il faut que la mobilité devienne plus simple, plus évidente, plus accessible. »
Dans cette optique, la plateforme « Corse Emploi », conçue il y a deux ans, est appelée à être renforcée et enrichie de nouveaux modules pour mieux assister les mobilités et les recrutements. « On a créé un outil qui repose sur les compétences plutôt que sur les métiers. Si le profil ne correspond pas précisément, un volet formation sera proposé pour le rendre plus conforme aux attentes. »
Parallèlement, la CCI de Corse s’attelle à une attractivité plus spécifique de l’île pour encourager le retour et l’insertion de ses propres jeunes.
Un « livre blanc » édité depuis la Corse
En attendant, le marché du travail en Europe donne aux entreprises la capacité de recruter au-delà de leur territoire et aux travailleurs celle d’accéder à davantage d’offres. Toutefois, plusieurs obstacles freinent la dynamique : les barrières linguistiques, les écarts de salaires et de conditions de vie, la complexité administrative, la reconnaissance limitée des diplômes et certifications.
L’objectif de Via Mare est de provoquer un marché du travail plus ouvert, plus inclusif et mieux coordonné pour faire tomber les obstacles. Le premier axe de travail vise à structurer la coopération entre les acteurs de l’emploi à l’échelle transfrontalière via un réseau partagé et des rencontres régulières. Un observatoire sera créé pour recenser et partager les initiatives les plus efficaces. Un diagnostic approfondi est engagé à destination des publics qui rencontrent le plus de difficultés d’accès à l’emploi : jeunes sans formation, seniors, personnes en situation de handicap, travailleurs précaires, etc.
Il s’agira ensuite de canaliser les résultats des études et des échanges dans une stratégie commune qui facilitera le rapprochement entre l’offre et la demande d’emploi et donnera davantage de visibilité aux opportunités professionnelles et à la qualité de vie dans les territoires de coopération. De nouvelles approches innovantes seront développées, notamment l’utilisation de la réalité virtuelle pour évaluer les aptitudes transversales des candidats.
Une campagne transfrontalière de communication va mettre en exergue les atouts des territoires et des entreprises pour attirer de nouveaux talents. Il a été demandé à la CCI d’organiser un nouveau séminaire en Corse qui débouchera sur un « livre blanc » de recommandations et d’orientations pour l’avenir.
Bon vent à Via Mare !