« Nous avons reçu la confirmation du financement de la réhabilitation du Palais des Congrès pour créer l’École de tourisme avec le concours de l’État et la part prépondérante de la Collectivité de Corse »
Jean Dominici, président de la CCI de Corse
À l’origine, l’ordre du jour de l’Assemblée générale du 27 novembre réservait un copieux assortiment de chiffres et de statistiques servi sur un plateau : le Bud-get rectificatif-2 2024 et le Budget primitif 2025. En réalité, il a été surtout question de la réforme statutaire historique : le transfert de tutelle de l’État à la Collectivité de Corse.
À la lumière des débats, il est clairement apparu que cette évolution était plus qu’une bonne nouvelle, bien que toujours tributaire des aléas de la politique nationale. On veut malgré tout continuer à y travailler et la CCI de Corse ambitionne de poursuivre ainsi la gestion publique et consulaire des ports et aéroports de l’Ile.
La dimension cruciale et décisive d’une assemblée qui n’avait d’ordinaire que son appellation juridique, avait été unanimement pressentie puisque nos principaux partenaires étaient présents au premier rang desquels le préfet de la Haute-Corse, représentant le Préfet de Corse, et le président du Conseil exécutif de Corse.
« Après la tempête, des rivages apaisés »
Dans un discours complet qui plantait avec énergie et précision les enjeux de l’institution qu’il préside, Jean Dominici s’est félicité de la volonté de la ministre Catherine Vautrin et de ses proches collaborateurs d’aller au bout de la réforme législative relative au rapprochement de la CCI de Corse et de la Collectivité de Corse d’ici juin 2025. Et donc de la nécessité de prolonger, probablement pour une année, les contrats de concession relatifs aux plateformes portuaires et aéroportuaires.
Mais compte-tenu des aléas qui marquent l’actualité de la majorité gouvernementale toute relative depuis les élections législatives de juin 2024 et, par voie de conséquence, la volatilité des institutions, le président Dominici a évoqué le Plan B : « Les deux Syndicats Mixtes Ouverts, sur lesquels nous travaillons depuis des années, ne sont plus des solutions transitoires mais des solutions de repli. Quant aux fragilités juridiques avancées, elles sont en réalité aisément correctibles et dans les meilleurs délais. La grande satisfaction est que le principe des SMO n’est absolument pas remis en cause, au contraire ! »
Bien lui en a pris ! La censure du 4 décembre 2024 est venue rappeler l’intérêt de disposer de plusieurs solutions adaptées aux différentes circonstances et hypothèses.
Moralité : le mur juridique du 31 décembre sera franchi « avec l’intégralité de notre modèle, de notre format social et de nos équipes. »
Ce dont s’est réjoui Gilles Simeoni : « La validation par l’Union européenne de notre desserte maritime de service public et l’évolution de la compagnie aérienne régionale appelée à renforcer sa présence dans l’espace méditerranéen, à laquelle s’ajoute le dispositif de l’Achat de flux qui va accroître l’attractivité de la Corse en toutes saisons, montrent qu’après la tempête nous mettons le cap vers des rivages apaisés » conclut le président de l’Exécutif qui croise les doigts pour la sacralisation des 50 M€ supplémentaires en faveur de la Continuité territoriale.
« Le réseau national des CCI en grandes difficultés »
Autre sujet anxiogène qui rend plus vitale encore l’évolution statutaire de notre institution : les problèmes financiers du réseau avec, à tout le moins, une nouvelle ponction supplémentaire de 100 M€ d’ici 2027 sur les fonds de roulement qui s’ajoutent aux 670 M€ déjà prélevés en dix ans alors que sur la même période, les ressources affectées baissaient de 60 % ! Une cure d’amaigrissement forcée à laquelle se greffe une deuxième vague d’austérité, une biopsie financière qui pèse plus sur les petites chambres que les grandes en l’état actuel des projets de répartition des efforts financiers.
La Corse est doublement lésée car les fondements sur lesquels CCI France calcule sa contribution sont objectivement erronés. « Aussi légitime que soit la grande cause nationale de redressement des comptes publics et de résorption du déficit du Budget de l’État, on ne peut admettre pareille injustice ! »
Dès lors, le président Dominici estime qu’il faut se préparer à une année 2025 difficile au plan budgétaire et à celui des ressources réparties par CCI France : « Sans la carapace solide que nous avons su construire au fil des années, nous aurions réduit nos effectifs et été happés par la spirale mortifère d’un réseau consulaire national en grandes difficultés. »
Compte-tenu de tous ces vents contraires, la réforme législative en cours du statut de la CCI de Corse devrait venir mettre notre chambre sur une rampe de lancement pour un nouvel horizon, celui de l’efficacité d’action, qui s’inscrit parfaitement dans la lettre et dans l’esprit du processus d’autonomie. Gilles Simeoni parle de « Résurrection de la CCI de Corse » en clin d’œil à la venue prochaine du Souverain pontife à Ajaccio. Ainsi soit-il…
Une bonne dynamique financière
Le résultat net d’exploitation passera de 1,1 M€ en 2023 à 7,6 M€ en 2025 avec un chiffre d’affaires en augmentation potentielle de 3,5 %. Après avoir sensi- blement fléchi cette année, la capacité d’autofinancement retrouve son niveau de 2023 à plus de 12 M€. De même, la barre des investissements reste élevée, à 31 M€. Enfin, le Fonds de roulement se maintiendra à l’équilibre.
Article paru dans la Lettre N°49