Le chiffre : 4 400
Le nombre d’espèces végétales et animales recensées par l’association Aérobiodiversité dont 50 espèces d’orchidées rares et 350 espèces d’oiseaux.
Pour un passager, un aéroport c’est un univers peuplé d’avions, de bagages, d’agents de sécurité, parfois de cohue. L’esprit est au voyage, loin d’imaginer que tout près cohabitent des espèces animales et végétales sauvages. Rien d’inattendu pour l’association Aérobiodiversité qui fête cette année ses dix ans d’existence et à laquelle adhère la CCI de Corse. Et pour cause. Les plateformes sont des zones closes et préservées des activités humaines et du développement urbain pour des raisons de sécurité. Parce que les prairies sont parmi les milieux naturels les plus menacés en Europe, la biodiversité aéroportuaire mérite d’être considérée. En 2021, l’association a créé le label Aérobio qui reflète l’engagement des aéroports dans ce domaine. Nos aéroports ont franchi les premiers niveaux et vont persévérer car leurs prairies sont plus résilientes à la sècheresse. Non seulement la Corse aéroportuaire se distingue par le nombre et la variété des espèces qu’elle héberge – certaines sont endémiques – mais elle accueille chaque année de nouvelles, plantes, insectes, reptiles et mammifères.
Mais on ne jouit bien que de ce qu’on partage. Des expositions à destination du grand public sont organisées pour révéler cet environnement pour beaucoup insoupçonné. Bastia donne le top départ le 15 juillet, Calvi et Ajaccio suivront dans la foulée. Bravo aux équipes !
Ajaccio Napoléon Bonaparte : 125 hectares de prairies
L’association et l’aéroport…
Depuis 2015, l’association Aéro Biodiversité oeuvre pour la préservation et la valorisation de la biodiversité sur les plateformes aéroportuaires françaises. Ajaccio est l’un des pionniers de la démarche et accueille l’association depuis 2016. Pour distinguer les aéroports les plus impliqués dans une gestion durable de l’environnement, Aéro Biodiversité a créé le label « aérobio ». Il récompense la diversité écologique, la mobilisation du personnel, ainsi que les actions de sensibilisation menées sur le terrain.
Pourquoi une exposition photo ?
Les prairies situées sur les terrains aéroportuaires jouent un rôle clé dans la conservation de la faune et de la flore à l’échelle nationale. Elles représentent près de 500 km² d’espaces verts préservés, non exploités pour l’agriculture ou le pâturage. à Ajaccio, la surface de la plateforme est de 180 hectares, dont 125 de prairies ! À travers cette exposition photographique, nous vous invitons à découvrir la richesse botanique et animale de notre aéroport côtier, un écosystème que nous cherchons à mieux comprendre pour mieux le protéger.
L’aéroport en quelques chiffres
– 324 espèces de plantes recensées
– 94 espèces d’oiseaux
– 9 espèces de chauves-souris
– 113 espèces d’invertébrés terrestres
– 341 espèces d’insectes
– 45 espèces de papillons
Bastia- Poretta : 13 nouvelles espèces
Notre aéroport de Bastia Poretta a obtenu le label aérobio – niveau 1. Cette labélisation vient démontrer l’investissement et l’engagement de la part de la CCI de Corse et des équipes aéroportuaires en matière de développement durable et de préservation de l’environnement.
Depuis 2016, notre plateforme est partenaire de cette démarche. Les protocoles de sciences participatives ont été suivis régulièrement depuis notre adhésion.
En 2024, 128 espèces floristiques dont 13 nouvelles ont été observées, 57 espèces d’oiseaux dont 2 nouvelles (toutes possèdent un statut de protection nationale), 133 espèces d’insectes dont 48 nouvelles, 10 espèces de chauve-souris et 3 espèces de reptiles. Au cours de l’année écoulée, l’Association AéroBiodiversité a effectué 3 sessions de protocole dont deux nocturnes.
Fait marquant : arrêt de l’utilisation des produits phytosanitaires.
Calvi Sainte-Catherine : 24 oiseaux protégés
Depuis fin 2022, la plateforme a adhéré à l’association AéroBiodiversité, elle a intégré une démarche responsable qui consiste à mieux comprendre la faune, la flore et leurs habitants sur l’aérodrome. En 2024, 73 espèces floristiques ont été répertoriées, 58 espèces d’oiseaux ont été recensées, parmi lesquelles 24 sont protégées. L’inventaire a également identifié 51 taxons d’arthropodes. Deux nouvelles espèces de mammifères, le rat surmulot et le lapin de garenne, ont été observées pour la première fois ainsi que 4 espèces de reptiles.
Au cours de l’année écoulée, 3 sessions de protocoles dont une de nuit ont été réalisées.
Là encore, aucun produit phytosanitaire n’est utilisé.
Figari Sud-Corse : royaume de la tortue d’Hermann
La future expostion de Figari ne sera pas moins passionnante. La plateforme de 140 hectares, la plus au sud de la France métropolitaine, est également riche en faune et en flore favosisées par les zones humides environnantes. Dans ce royaume la tortue d’Hermann y fait l’éloge de la lenteur…
Trois questions à…
Quentin Robert, naturaliste à Aérobiodiversité
– Au niveau de la biodiversité, qu’est-ce qui distingue les aéroports de Corse des autres aéroports ?
Ce qui rend les aéroports de Corse intéressants, ce n’est pas une biodiversité très différente de celle des autres aéroports méditerranéens, mais plutôt le contexte de l’insularité. En Corse, les échanges de biodiversité avec le continent sont limités, surtout en ce qui concerne les plantes ou les insectes. On se retrouve donc avec des communautés d’espèces très spécifiques, souvent stables et riches, parfois même uniques. Par exemple, sur l’aéroport d’Ajaccio, on a recensé la présence de l’Hélix de Corse, un petit escargot endémique, qu’on ne le trouve nulle part ailleurs dans le monde. C’est une espèce en danger critique d’extinction, et pourtant elle cohabite ici avec l’activité aérienne. C’est ce genre de découverte qui illustre à quel point ces espaces sont à prendre au sérieux du point de vue écologique.
– Que faut-il aux aéroports de l’île pour grimper toutes les marches du label ?
Chaque aéroport a ses points forts, ses marges de progression, ses contraintes. Mais la dynamique globale est positive : déjà, faire appel à Aérobiodiversité pour dresser un inventaire régulier et recevoir des conseils de gestion est déjà un engagement fort. Maintenant, pour aller plus loin dans la démarche et atteindre les niveaux supérieurs du label, il s’agit de pérenniser cet engagement, et de progresser dans plusieurs domaines. Le label repose sur quatre piliers : la connaissance et la gestion respectueuse de la biodiversité ; l’implication active du personnel ; la communication, pour valoriser les actions en interne et auprès du public ; l’ancrage territorial, c’est-à-dire le lien avec les acteurs locaux, politiques, naturalistes ou pédagogiques. Les plateformes corses sont bien positionnées sur plusieurs volets, mais la clé reste la continuité dans le temps.
– L’avion et l’écologie ne font pas bon ménage. Des initiatives comme des expositions contribuent-elles à recoller les morceaux ?
Par a priori, on oppose souvent aéroport et biodiversité, mais les aéroports sont en réalité constitués à environ 70 % d’espaces verts, pour la plupart des prairies. Or, ces milieux sont aujourd’hui en fort déclin en Europe : entre l’urbanisation, l’abandon du pâturage ou l’intensification agricole, les prairies naturelles disparaissent. Les aéroports jouent donc un rôle de refuge important pour toute une série d’espèces, parfois rares ou protégées, qui trouvent ici des conditions favorables pour se maintenir. Et ce rôle, il faut le faire connaître. C’est une partie essentielle du travail de terrain de notre association. Mais comme nous ne sommes pas toujours présents, les aéroports prennent le relais, notamment via des expositions photos dans les aérogares. C’est une très bonne manière de sensibiliser les voyageurs, de montrer qu’un aéroport peut aussi être un acteur de la protection de la nature.