Une saison qui pourrait commencer encore plus tard pour se terminer toujours trop tôt. « On voudrait bien ouvrir dès le mois de mars mais il n’y a pas la demande », fait remarquer Karina Goffi, présidente de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de Corse (UMIH).
Vers une « baisse de la clientèle continentale » ?
Bien qu’en termes de flux passagers, les chiffres seraient stables selon l’antenne de Haute-Corse de la chambre de commerce et d’industrie, dans les hôtels, de nombreuses clefs de chambre restent accrochées au tableau. Des salles de restaurant peinent à se remplir. Les clients ne sont pas encore au rendez-vous mais les équipes de saisonniers sont, en partie, déjà en place.
Si les professionnels reconnaissent qu’en termes d’attractivité tous les territoires ne sont pas égaux, dans l’ensemble, ils observent un net recul des réservations sur l’avant saison. « On peut même parler pour le moment d’une disparition de la clientèle continentale et d’une baisse de la clientèle internationale », commente César Filippi, président du Groupement des hôtelleries et restaurations (GHR) Corsica, d’après les retours des adhérents.
Les tarifs des transports dans le collimateur
Dans le collimateur des professionnels, toujours le prix des transports. Avec des variantes tarifaires qui, selon la période et l’anticipation de la réservation, seraient susceptibles de freiner les projets de voyage. Pour un billet d’avion aller-retour Paris-Bastia, il faut compter 220 euros pour la mi-juin, près de 230 € pour un Marseille-Bastia fin mai ou encore 354 euros par personne pour un Nice-Ajaccio début juillet.
La grand-messe des acteurs du tourisme
Du côté du maritime, le passage, sans voiture ni installation, avoisine les 100 euros. « La colonne vertébrale du tourisme, c’est le transport. Cela fait trente ans qu’on le dit mais il n’y a aucune solution », regrette la présidente de L’UMIH. Avec la chambre de commerce de Corse, l’union professionnelle a donc décidé de s’emparer de la problématique. Une réunion présentée comme « inédite » se tiendra le 22 mai à Bastia.
Objectif : mettre tous les acteurs du tourisme et les élus autour de la table pour échanger et travailler collectivement à une stratégie attendue notamment par ceux qui taclent la majorité territoriale nationaliste de ne pas avoir su élaborer des orientations pour une politique du tourisme en Corse. Laquelle s’en défend.
Sur l’invitation à la journée de concertation sur la thématique des « Transports externes », l’introduction pose le contexte tandis que les professionnels enclenchent la sonnette d’alarme. Il est question de transports ressentis comme « perfectibles par les visiteurs et par des prospects qui ont renoncé à leur séjour dans l’île ».
Selon les professionnels, les voyageurs ont la perception de la Corse comme étant une destination chère. « On le sait, la saison va être compliquée ; les voyants sont au rouge mais collectivement, nous devons travailler comme l’ont fait la Sardaigne ou les Baléares », assure Karina Goffi qui mesure la concurrence méditerranéenne.
Une stratégie touristique sur la table
Entreprises de voyage, autocaristes, compagnies maritimes et aériennes, guides mais également les élus de l’exécutif de Corse tous ont été invités afin de « rassembler les forces entrepreneuriales et institutionnelles ».
Pour Jean Dominici, président de la CCI de Corse, « il faut discuter des freins du tourisme en Corse et notamment des prix du transport. La Moby qui ouvre des lignes et qui augmente ces rotations permettra peut-être de meilleurs tarifs. Il faut travailler dans le même sens car on a besoin du tourisme ».
Cette grande concertation permettra-t-elle de rattraper le démarrage de la saison 2024 ou d’échafauder une méthode pour la prolonger. Rien de sûr. « Certains pourront dire que cette réunion arrive trop tard, reconnaît la présidente de l’UMIH, mais il n’y aura jamais de bons moments. »
JULIE QUILICI-ORLANDI
PHOTO : XAVIER GRIMALDI