« Nous sommes à des années-lumière du Cac 40 mais le mode de vie en communauté dans le milieu rural, c’est le luxe de demain » Alex Vinciguerra, président de l’ADEC, Croce, mercredi 31 juillet
Alex Vinciguerra est un disciple de la proximité. Il a choisi le village de Croce pour tenir sa conférence de presse au cœur de l’été, le 31 juillet, relative à l’appel à projet « Cresce II » en présence de plusieurs élus et des émissaires des deux chambres consulaires. Croce se situe en effet à moins de quatre kilomètres de Ficaja, son village natal. Autant dire que le président de l’ADEC était en Castagniccia dans son jardin pour défendre une initiative qui fait la part belle à l’économie rurale et à l’installation, dans les endroits les moins bien dotés, de services, de commerces, d’artisans et tout ce qui peut favoriser l’arrivée de nouvelles familles, de nouveaux emplois, une économie sociale et solidaire.
La CCI de Corse est le premier partenaire de ce dispositif depuis son lancement. La chambre met ses équipes à la disposition des porteurs de projets pour le montage technique, juridique et financier des dossiers mais aussi leur suivi pour optimiser les chances de réussite. Elle assure aussi la communication le plus efficacement possible en adressant des courriers électroniques à tous les ressortissants susceptibles d’être intéressés par l’appel à projets et en organisant des permanences dans toutes les communautés de communes de la Corse avec lesquelles elle est liée par convention. Du coaching pur et dur !
« L’activité économique dans le rural, c’est la vie »
Les entreprises éligibles sont les TPE basées en Corse, commerciales, artisanales ou de services. Elles doivent avoir moins de 11 salariés et un chiffre d’affaires inférieur au million d’euros. Le prisme de la sélection, c’est la production locale de biens ou de services, l’économie de proximité qui va renforcer la cohésion sociale, le potentiel de création d’emplois, la contribution aux enjeux que sont le développement durable et la responsabilité sociétale des entreprises. La capacité de mettre en œuvre rapidement le projet est aussi un critère prépondérant. L’investissement privilégié : l’achat d’équipements professionnels productifs, l’acquisition de véhicules pour les marchands ambulants (alimentation, activités artisanales, services), la modernisation des locaux pour les transitions et l’accessibilité, jusqu’aux frais d’études pour les projets les plus innovants.*
La CCI de Corse et la Chambre de Métiers et de l’Artisanat ont toujours été sensibles à la revitalisation économique de l’intérieur. Les politiques de la Collectivité de Corse et du Comité de Massif pour rendre la vie dans les villages plus facile (adduction d’eau potable, assainissement, réhabilitation de logements, entretien des routes…) plantent un décor propice à la naissance d’entreprises rurales. « La création d’activités et de services dans le rural, ce sont de jeunes foyers qui s’installent, des écoles dont on ne redoute plus la fermeture, le sentiment d’isolement qui recule. C’est encore un autre mode d’existence. L’objectif est à des années-lumière du CAC 40, mais le retour au village, loin des grandes agglomérations, au profit d’une vie sereine au plus près de la nature et de valeurs humaines ancestrales que l’on pensait perdues, c’est le luxe de demain… »
Le maire de Croce, Jean-François Mattei, a une parole plus pragmatique qu’Alex Vinciguerra : « Ici, les services publics sont rares, les communications difficiles, mais le maire est le pilier sur lequel tout le monde s’appuie. Aussi, il apprécie de se sentir soutenu, de croire en des perspectives de développement qui rassurent et donnent de l’espoir. »
La CCI de Corse n’a eu de cesse de montrer que l’espoir, c’est plus qu’une promesse, c’est une pratique.
*Les demandes s’effectuent sur le site adec.corsica en cliquant sur l’onglet « L’ADEC m’accompagne, je dépose mon projet ici ». La fiche projet doit obligatoirement comporter la mention « AAP CRESCE 2024 »
Un dispositif attrayant prorogé
Contrairement à la deuxième version ciblée sur le rural, le premier « Cresce » comprenait les cœurs de ville dans son périmètre d’intervention. Il avait rempli sa mission puisque 295 entreprises ont été accompagnées, représentant une aide globale de 5,8 M€. Tous les territoires de l’île ont été concernés. Il semble que « Cresce II » soit également parti sur d’excellentes bases : quelques jours avant la conférence de presse de Croce, 104 demandes avaient été reçues pour un montant de subventions sollicitées de 1,3 M€. La moitié du potentiel des aides. À ce propos, la date limite initiale était fixée au 31 août mais compte tenu de l’intérêt pour le dispositif et la période estivale traditionnellement vécue comme une parenthèse, Alex Vinciguerra a décidé d’accorder un délai supplémentaire. Les demandes qui arriveront début septembre seront traitées.
Le chiffre : 2,5 M€
C’est le montant de l’enveloppe dédiée à cet appel à projets « Cresce 2024 ». Le taux de subvention, de 50 % maximum, oscille entre 2 000 et 50 000 €.
Article paru dans La Lettre n°46